Faire l’acquisition de sa résidence principale par le biais d’une SCI est juridiquement possible. Si la loi permet de mettre à la disposition gratuite des associés les biens d’une SCI, il convient cependant de respecter certaines règles tant sur le formalisme juridique que sur le choix de la fiscalité de la société civile immobilière. En effet, selon que la SCI soit soumise à l’IS ou à l’IR, les conséquences fiscales seront différentes.

Intérêt de l’achat de la résidence principale en SCI

La société civile immobilière permet d’anticiper la transmission de la résidence principale dans le cadre d’un démembrement progressif, avec abattement fiscaux, ou en pleine propriété. Elle permettra également, dans le cadre de familles nombreuses ou recomposées, d’éviter les situations conflictuelles ou les blocages liés à la règle d’unanimité en indivision en définissant dans les statuts de la SCI des règles de majorité différentes.
Auparavant, la création d’une SCI permettait également d’augmenter votre capacité d’emprunt en isolant la dette de la SCI de votre endettement personnel, ce n’est désormais plus le cas. De plus, le taux d’emprunt et les garanties demandées par la banque s’avèrent souvent plus élevés.

Occupation à titre gratuit ou onéreux

Les associés de la SCI peuvent occuper le bien à titre gratuit ou onéreux. A noter, l’objet social de la SCI devra alors faire mention de la possibilité de mettre à disposition gratuitement le bien de la société. A défaut, une décision prise par l’assemblée générale des associés est nécessaire, le gérant n’étant pas habilité à décider seul de cette mise à disposition gratuite.

SCI soumise à l’impôt sur le revenu (IR)

Dans le cadre de l’acquisition de la résidence principale, il est recommandé de choisir l’impôt sur le revenu pour la SCI.
En mettant à la disposition gratuite de ses associés un logement nu, la SCI ne déclarera aucun loyer et ne pourra, par conséquent, déduire aucune charge attachée au logement, y compris les intérêts d’emprunts. Elle aura donc un résultat fiscal nul. La société devra faire une déclaration 2072-S-SD lors de l’année de sa constitution et sera ensuite dispensée d’établir la déclaration de résultats des SCI les années suivantes. De même, les associés n’auront aucun impôt sur le revenu à déclarer.

SCI soumise à l’impôt sur les sociétés (IS)

Dans le cadre d’une SCI à l’IS, l’avantage en nature devra être évalué puis imposé chez l’associé qui occupe ce bien dans la catégorie des revenus mobiliers et comptabilisé par la SCI comme un produit imposable. Pour l’associé, ce revenu sera également soumis aux prélèvements sociaux. En contrepartie, les charges de cette SCI seront déductibles.

A défaut, l’administration considérera que la mise à disposition gratuite du bien à l’un des associés constitue un acte anormal de gestion et disposera alors du droit d’imposer la SCI et l’associé sur les loyers qui auraient dû être perçus en s’appuyant sur la valeur locative.

De même, il ne suffit pas de verser un loyer dérisoire pour éviter un redressement. En effet, si l’administration fiscale estime que l’écart entre le loyer versé et la valeur locative est trop important, elle pourra effectuer un redressement fiscal de la différence constatée. La SCI à l’IS ne présente donc pas un grand intérêt dans le cadre d’une résidence principale.

Précautions à prendre

Si au décès de l’un des membres du couple, le conjoint survivant se voit accorder une protection spécifique sur sa résidence principale, cette protection ne s’applique pas dans le cadre d’une SCI. Il conviendra donc d’envisager cette possibilité de jouissance dans la rédaction des statuts.
Dans le cadre de la cession du bien par une SCI à l’IR, seuls les associés jouissant gratuitement du bien au titre de résidence principale bénéficieront de l’exonération des plus-values et ce, uniquement sur la fraction détenue. Les associés qui n’occupaient pas le bien cédé à titre de résidence principale seront alors imposés sur la plus-value, proportionnellement à leur quote-part dans le capital de la SCI. Par contre, si le bien est loué à titre onéreux, ils ne pourront bénéficier de l’exonération des plus-values dans le cadre de la résidence principale. Il en est de même dans le cadre d’une résidence principale détenue par une SCI à l’IS.

Vos biens détenus dans le cadre d’une SCI seront intégrés dans le calcul de votre IFI à hauteur de la valeur de vos parts dans la SCI. D’autre part, les associés d’une SCI ne pourront pas bénéficier de l’abattement de 30% sur la valeur de la résidence principale.

Si vous envisagez de faire l’acquisition d’un bien par une SCI, de réaliser des travaux afin de créer des déficits fonciers puis d’occuper ensuite (ou l’un des associés) le bien à titre onéreux cela pourra être considéré comme un abus de droit par l’administration fiscale. Elle pourrait considérer que cette opération n’a qu’un but fiscal et vise à contourner les dispositions de l’article 15-II du CGI qui interdit toute déductibilité des travaux par les propriétaires concernant les biens dont ils se réservent la jouissance.

En conclusion

L’acquisition ou la détention de la résidence principale par le biais d’une SCI ne sera donc recommandée que dans certaines situations précises. Le bien devra obligatoirement être loué nu, à défaut la SCI sera automatiquement soumise à l’impôt sur les sociétés. De même, il est recommandé de ne détenir qu’un seul bien au sein de cette SCI ceci afin d’en faciliter la gestion. Dans tous les cas, il conviendra d’être bien accompagné lors de la création.

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